On fait des pieds et des mains pour le respect de nos droits !

Dans le cadre de mon stage I en travail social à la Ligue des droits et libertés, section de Québec, une belle opportunité de mobilisation m’a été présentée!

En effet, la Ligue vise à travailler activement à la défense des droits des personnes itinérantes ou marginalisées qui subissent une forme de profilage social de la part des policiers dans la Ville de Québec. Un exemple frappant de cette judiciarisation ciblée est celui des constats d’infraction donnés en référence à des règlements municipaux qui interdisent notamment de flâner ou de traverser une rue sans le piéton lumineux. Ces constats d’infraction sont donnés de façon significativement plus massive chez les personnes itinérantes, les prostituéEs, les jeunes de la rue ou les personnes avec un problème de santé mentale.

Devant cette injustice, le comité judiciarisation de la Ligue des droits et libertés, section de Québec estimait qu’il était nécessaire d’agir en mobilisant les personnes qui subissent cette discrimination!

Pour ce faire, ma collègue Myriam Lachance et moi avons monté un projet artistique pour permettre à ces personnes d’exprimer leur point de vue sur le sujet. En allant dans plusieurs organismes communautaires de la région de Québec, j’ai rencontré plus d’une centaine de personnes dans un premier temps pour discuter de leur rapport avec les policiers et dans un deuxième temps pour les inviter à poser leur main dans la peinture puis sur un carré de tissu comme étant un geste symbolique en appui au message suivant :

Pour que les policiers respectent notre dignité humaine et nos droits !

Chaque personne a aussi répondu à la question suivante : Si tu pouvais adresser un message à des policiers, qu’est-ce que tu leur dirais?

Voici quelques-unes des signatures symboliques et quelques-uns des commentaires recueillis au cours des dernières semaines.


«Laissez-nous libres. On fait rien de mal et on a le droit de s’asseoir sur des bancs publics. Y’en a qui font des choses pires que ça et qui sont pas arrêtés.»

«La police arrête quelqu’un pour faire des vérifications, pour rien, comme ça. C’est ce qui m’est arrivé récemment. T’as pas tes cartes, pis ils te font capoter.»

«Il faut aller voir les bonnes personnes plutôt que de nous achaler. Je suis contre les abus de pouvoir, faut laisser le monde plus libre et arrêter les vrais criminels.»

«Je viens de la campagne. Ici (en ville), tu marches sur le trottoir, les policiers t’arrêtent, te posent des questions, ils te font sentir mal, mais toi tu connais pas tes droits. Ils ont comme un manque de communication. On dirait qu’ils ont des préjugés parce que c’est souvent des pauvres qu’ils arrêtent. Je sais pas s’ils ont du temps à perdre ou quoi. Mais je pense qu’ils devraient essayer de nous venir en aide au lieu de nous faire sentir… À la longue tu te dis, c’est quoi le problème avec ma face ? Leur attitude change si je mets ma capine ou si je la mets pas. »

«Ne juge pas le livre par sa couverture. Faut faire la différence entre l’être pis le paraître. »

«Pourquoi donner tant de contraventions à des gens qui ne peuvent pas payer? »

«J’me fais arrêter souvent, c’est fatiguant. C’est à cause de la face que j’ai je pense.»

«L’égalité en toute légalité. »

«Y’en a des corrects pis y’en a des pas corrects. Soyez humains, le respect c’est important. C’est pas parce que t’es une police que tu dois pas être respectueux. »

«C’est vrai que j’avais fait du temps en d’dans. Les policiers m’ont arrêté pour des vérifications, juste pour ça. À chaque fois, ils me bardassaient. »

«Ils ont pas la formation pour travailler avec des gens qui ont des problèmes de santé mentale. Ils disent que c’est pas à eux de faire ça. Mais il faut tenir compte des limitations des personnes. Sinon, ce monde là passent pour des gens en état d’ébriété pis ils reçoivent des tickets. »

«Les personnes à qui ils font du profilage social c’est du monde comme eux. Ils ont le droit de vivre! »

«On est tous des êtres humains peu importe notre rang social, notre citoyenneté ou notre statut, name it! On est des êtres humains avant tout. Pour les policiers qui font de la bonne job, tant mieux, mais il faut que ça soit des modèles pour les autres. Ils doivent servir et protéger la population avant tout. »

«Les policiers, c’est le bordel. C’est ça que la rue m’a appris.»


De nombreuses personnes ont affirmé la nécessité que les policiers établissent un  rapport plus respectueux avec les gens, qu’ils cessent de se fier à l’apparence et fassent preuve de plus de discernement. Plusieurs femmes ont souligné l’importance que les policiers humanisent leurs interventions et qu’ils arrêtent d’exercer des violences abusives, elles les invitent à faire la promotion de la paix et du respect des différences.

Une centaine de mains imprimées ont ensuite été assemblées sur une banderole dans les locaux de la Ligue des droits et libertés avec 6 personnes de la communauté. Nous espérons pouvoir montrer le résultat de notre travail lors de l’action publique qui aura lieu le 28 avril prochain.

Ensemble, faisons des pieds et des mains pour assurer le respect des droits des personnes itinérantes et marginalisées!

Emilie Guimond-Bélanger

Stagiaire à la Ligue des droits et libertés, section de Québec
13 avril 2011